22 juillet 2006
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Il clamait « 8 », répétait « 8 »
lançait des 8 à la chaîne
ou les lardait dans des phrases
incompréhensibles
cet homme à l’allure tout à fait banale
qui ne ressemblait, je veux dire, pas vraiment
à un fou tels qu’on les imagine.
Il s’est assis en face de moi
dans le train du retour
a continué son soliloque
pendant quelques minutes
puis s’est plongé soudain
dans la lecture d’une revue
chichement illustrée
a renfilé la peau ainsi
d’un banlieusard,
tout ce qu’il y a de plus commun.
Par moments quand même
au cours de la demi-heure de voyage
il s’est remis à parler haut
lisant, méditant à pleine voix
des passages tirés de sa revue,
sans doute.
J’en comprenais des bribes
jusqu’à ce qu’il y replante des 8
qui n’avaient rien à faire ici.
Mais peut-être que mes oreilles,
mon attention
n’avaient rien à faire, non plus, dans ses dires
qu’on pourrait qualifier de délire.
Pourtant
tout ça tenait un peu
structurellement, voyez-vous
dans un monde à trois dimensions
parce qu’un 8 tourné d’un quart de tour
ça illustre à merveille
ces répétitions effrénées
Mais si, souvenez-vous
un 8 tourné d’un quart de tour
ça donne le signe de l’infini.